Histoire de la Maison Picassiette

VOYAGE AU COEUR DE LA MAISON DE RAYMOND

Raymond est né le 8 septembre 1900 à Chartres, jour de la Nativité de

la Vierge Marie. Il est le 7ème d’une fratrie de 8 enfants, il dit avoir vécu

une enfance modeste. À l’âge de 2 ans, ses parents constatent qu’il est

atteint de cécité. En 1910, il est âgé de 10 ans lorsque son père décède.

Cette même année, alors qu’il est dans la cathédrale Notre Dame de Chartres

avec sa mère, il retrouve soudainement la vue et voit pour la première fois

les couleurs à travers les vitraux de la cathédrale.

Après son certificat d’étude, Raymond commence à travailler à 13 ans comme

fondeur, puis il fait son service militaire de 1920 à 1922 en Allemagne

dans la partie occupée de la Rhénanie.

Raymond épouse Adrienne en 1924. Elle est veuve, a 11 ans de plus que

lui et 3 enfants de 11, 9 et 7 ans lorsqu’ils se marient. Elle lui sera toujours

reconnaissante de « l’avoir prise avec trois enfants ». Le premier rêve de

Raymond est d’avoir son indépendance dans son logement personnel.

Avoir sa maison pour abriter sa famille. « Petit à petit, l’oiseau fait son nid »,

ils achètent ce terrain et Raymond construit seul cette maison en 1930.

DE L'INTÉRIEUR VERS L'EXTÉRIEUR

Raymond enchaine différents emplois avant d’être embauché comme

cantonnier par la ville de Chartres. D’abord gardien du dépôt d’ordures, il

est par la suite chargé de l’entretien des routes et des chemins.

Au cours de ses marches, il est attiré par le scintillement de morceaux de

verre et de vaisselle cassés qu’il ramasse et dépose dans un coin de son

jardin sans trop savoir pourquoi. En 1938 il déclare avoir une idée pour

décorer la maison. Pendant toute la durée de la seconde guerre mondiale,

il va peindre, graver et déployer sa mosaïque du sol au plafond et dans

chaque recoin de l’intérieur de la maison. Il va jusqu’à recouvrir la machine

à coudre d’Adrienne qui lui dira : « un jour je vais me réveiller, et tu

 m’auras recouverte de mosaïque ».

À partir de 1945, il sort et va orner les murs extérieurs et la cour d’entrée.

Rapidement il devient populaire dans le quartier. La maison est visitée, on

lui donne des conseils, on lui apporte des cartes postales qui lui servent

de support pour créer et les enfants apportent des morceaux de vaisselle

cassée. Certains l’admirent et d’autres se moquent. 

Le premier article paraît le 17 août 1952 dans la revue Radar qui titre 

« A Chartres, on l’a surnommé Picassiette ». Le surnom est lancé et il est vite

 adopté.

Robert Doisneau et d’autres reporters viennent rencontrer le mosaïste de

Chartres. Des publications racontent et illustrent son travail, ce qui attire de

plus en plus de touristes.

« Guidé par son esprit et fidèle à sa croyance », il a consacré sa vie à

la réalisation de cette œuvre d’art brut ; 33 ans de travail, 15 tonnes de

débris de vaisselle et de verre multicolores ramassés et des centaines de

kilomètres parcourus entre les décharges publiques et à travers les routes

du pays chartrain.

Il a étendu son œuvre, acquis de nouvelles parcelles, et multiplié ses

créations jusqu’en 1962.

A l’aube de ses 64 ans, le 6 septembre 1964 il est retrouvé inconscient sur

le bord d’un chemin à 15 km de chez lui. Il s’endort pour toujours, dans son

lit, veillé par sa femme et ses deux beaux fils.

Il est enterré au cimetière de Saint Chéron auprès de sa mère et avec une vue

magnifique sur Notre Dame de Chartres. Il repose ici, en esprit et comme

c’est écrit sur le tombeau de l’esprit, il nous dit « à bientôt ».

En 2023, C’Chartres Tourisme est fier de rependre la gestion de la Maison

Picassiette pour en faire un lieu touristique animé et créatif et 

rendre hommage à l’homme inspirant qui l’a bâtie et à sa philosophie de vie.